"Réinventer" le journalisme scientifique ?

Entretien avec Hervé Poirier, rédacteur en chef d'Epsiloon, à l'occasion de la sortie en kiosques du premier numéro de ce nouveau mensuel de science.

Après une campagne de financement participatif réussie, le nouveau magazine scientifique lancé par d’anciens journalistes de Science et Vie, Epsiloon, vient de sortir dans les kiosques. Comment construit-on la ligne éditoriale d’un mensuel de science comme Epsiloon, aujourd’hui ? Comment garantir son indépendance, tisser un lien de confiance avec la communauté scientifique et les lecteurs, notamment sur les sujets qui mêlent science et société ? Et qu’est-ce que c’est, au fond, être journaliste scientifique de presse écrite, aujourd’hui, en 2021 ?

Mathieu Rouault: Salut à toutes et à tous! Bienvenue dans ce nouvel épisode de Grand labo à l'occasion de la sortie d'Epsiloon qui est juste là, le mensuel de science lancé par d'anciens journalistes de Science et Vie.

Ce n'est pas un scoop, la presse écrite est à la peine aujourd'hui. Alors quand on apprend l'arrivée d'un nouveau magazine, a fortiori quand il parle de science, ça suscite l'intérêt, parfois l'enthousiasme. Surtout quand le magazine en question se propose rien moins que je cite "Réinventer le magazine scientifique du XXIe siècle"...

Cet épisode n'est pas destiné à faire à la promo d'Epsiloon. D'abord parce qu'ils ont pas besoin de moi pour faire leur promo. Ensuite parce que l'idée, c'est plutôt de comprendre ce qui se joue dans l'aventure dans laquelle se sont lancés ces journalistes expérimentés.

Alors, petit rappel des faits. En juillet deux mille dix neuf, le groupe Mea fait l'acquisition de My France, acquérant [00:01:00] ainsi une trentaine de titres, dont Science Civ, un journal plus que centenaire aux cent quarante mille abonnés. Dès le début, l'ambiance est tendue. Reworld Media n'a pas vraiment la culture de la presse cheville au corps et tente d'imposer progressivement des pratiques qui répugnent à une partie de la rédaction de Science et vie.

Ça se gâte. Quand on lit ici et là, dans le journal et sur le site internet de Science et vie, des contenus qui tiennent plus de la mauvaise gazette que du journal de science rigoureux. À l'automne deux mille vingt, les événements s'enchaînent. Hervé Poirier, directeur de la rédaction de Science et vie, s'en va après vingt et un ans de maison, fin septembre, journaliste du mensuel Enfin, fin septembre, pendant la rédaction, vote une grève illimitée.

Le vingt sept novembre, la Société des journalistes du mensuel vote une motion de défiance à l'encontre de la directrice des rédactions, qui vient de remplacer Hervé Poirier. En janvier deux mille vingt et un, Mathilde Fontez, la rédactrice en chef adjointe, quitte elle aussi le navire. Et puis Et puis la rédaction dans sa quasi totalité claque la porte du magazine et le lundi dix mai deux mille vingt et un, les [00:02:00] journalistes démissionnaires annoncent la naissance d'un nouveau mensuel scientifique.

Pour le financer, l'équipe s'associe à Unic Heritage Media, groupe dirigé par Emmanuel Mounier qui détient des titres jeunesse tels que Le Journal de Mickey ou National Geographic Kids. Je suis sûr qu'il y a des lecteurs de ces deux journaux parmi vous. Une campagne de financement est lancée sur Ulule et en termes techniques en termes techniques, cette campagne de financement casse la baraque puisque à l'issue de celle ci, vingt quatre mille pré abonnements sont souscrits.

Et mercredi dernier, vingt trois juin, Epsilon arrive dans les kiosques et j'ai le plaisir de recevoir ce soir son rédacteur en chef. Bonsoir Hervé Poirier. Bonsoir Mathieu, comment ça va? si vous deviez euh donner un un qualificatif aux quelques mois qui viennent de s'écouler, ce serait lequel?

Hervé Poirier: Euh, ce serait euh un mélange de d'enthousiasme, de [00:03:00] folie, de fatigue, de fatigue

Mathieu Rouault: et de surprise.

D'accord, donc, ça veut dire une une période particulièrement riche, C'est quelque chose que vous imaginiez vivre il y a un an ?

Hervé Poirier: Non ! On a été assez fous pour ne pas essayer de trop voir comment ça pouvait, comment ça pouvait se passer. On s'est lancé dans l'aventure. euh sans avoir de de de plan à long terme en se disant bon, on ne veut pas avoir de regrets, on va mettre tout ce qu'on a comme énergie, comme euh comme enthousiasme et le peu d'intelligence qu'on a là-dedans pour Euh en tout cas, si ça rate, on ne veut pas que on ne veut pas que ce soit de notre fait.

Donc on a donné tout ce qu'on avait. Euh et puis voilà, on est un petit peu rincé, mais aussi on est. On est quand même très enthousiastes de de de enfin de la, de la belle aventure collective qu'on a tous vécu ensemble. On est une quinzaine à avoir vécu ça euh en en ayant aucune idée. Enfin, on n'avait pas une idée précise où on allait Et euh, je pense que c'est pour ça qu'on [00:04:00] a pu aller euh aussi loin et aussi vite.

Mathieu Rouault: Sur une note de un à dix, vous donnez quelle note au premier numéro? D'epson

Hervé Poirier: Ah, c'est dur, c'est dur, on a donné le meilleur, c'est Je préfère que ce soit les lecteurs qui le notent. Franchement, on avait une grosse pression et euh on voulait euh, ne pas décevoir. On n'est pas mécontent de ce premier numéro.

On n'est pas mécontent, on? Euh bah le journalisme c'est quand même le le le le le l'école du bouclage c'est-à-dire, à un moment on s'arrête, c'est plus possible. Il faut envoyer à l'imprimerie, donc c'est l'école de l'imperfection, C'est l'école de Si j'avais eu une semaine en plus, j'aurais fait mieux ça.

Donc c'est il faut Le journalisme, c'est pas un, c'est pas une oeuvre d'artiste qui doit qui peut peaufiner. Il faut comme ils disent en anglais, on on doit délivrer un produit à un temps donné. Donc on est le truc dont vous êtes le

Mathieu Rouault: plus fier Hervé Poirier dans ce premier numéro, c'est lequel? Et le truc que vous referiez pas dès le numéro deux, ce serait quoi?

Hervé Poirier: Euh euh, euh là le truc dont je suis le plus [00:05:00] fier euh bonne question, je le feuillette en même temps euh moi je dis je dirais c'est le le le la la couleur jaune, la couleur jaune on moi j'ai travaillé pendant vingt et un ans dans un journal euh dont la couleur était le noir, le concurrent principal si on sait à venir sa couleur et le blanc et euh je je on a je trouve.

toucher quelque chose quand on s'est dit Mais en fait, la science n'est pas noir et blanc. La science, c'est c'est coloré, c'est pétillant, c'est solaire, c'est lumineux, c'est joyeux et donc c'est jaune plutôt. Euh Canarie, plutôt

Mathieu Rouault: citron, plutôt plein plein la figure

Hervé Poirier: donc la la, la la La chose dont je suis le plus content dans ce premier numéro, c'est la couleur.

Il y a de la joie parce qu'on l'a fait quand même dans la joie. Cette ce ce la fatigue, la douleur,

Mathieu Rouault: ce ce numéro bon est pas est pas parfait, rien n'est parfait. Euh on va en parler dans dans quelques instants, mais par contre, coup de chapeau immédiat à la maquettiste ou au maquettiste. Enfin c'est vraiment Euh c'est c'est beau [00:06:00] quoi.

Enfin ça remet plein plein la figure. On peut penser ce qu'on veut des contenus, du choix éditorial final, des des des, des rubriques de voilà de la conception du magazine. On va y revenir, mais en tout cas, visuellement, je veux dire c'est hyper net quoi, combien de temps Il a fallu pour sortir ça?

Hervé Poirier: On a commencé à y travailler très sérieusement enfin moi personnellement à partir de mi-janvier puis toute l'équipe des partants à partir du moment où ils sont partis.

C'est-à-dire euh au mois à partir du mois de mars si je ne me trompe pas Donc euh, on a eu euh avec Mathilde pendant un mois et demi à deux puis après euh à une à treize pendant pendant pendant trois mois on a bouclé ce numéro là. Euh, un mois avant la sortie c'est-à-dire Euh excusez-moi le le temps en fait, c'est totalement distendu dans ma tête parce que j'ai vécu là six mois de de sans trop savoir quel jour on était.

Mais on a dû. On a dû mettre trois mois pour faire. On a fait un zéro en plus hein pour s'entraîner. pour pour rater un zéro. L'idée est de rater un zéro pour réussir un un et on a bien raté le [00:07:00] zéro à pas mal d'égards, ce qui nous a permis de, de, de, de d'améliorer ce que j'ai, ce que je regrette. Il y a pas mal de reproches sur les mercis c'està-dire que on a publié.

Euh on a publié euh mille cent Merci, nom de, de, de, de de gens qui se sont abonnés à l'aveugle par confiance et on s'était engagé à mettre leur nom. Euh bah là ils nous disent non mais c'est c'est pire que où est arrive votre affaire? J'arrive pas à me trouver, je suis où? Euh et on a un an à les publier tous, ils

Mathieu Rouault: auraient voulu être mieux mis en visibilité.

Hervé Poirier: Ouais, peut être ou par ordre alphabétique pour qu'ils puissent se retrouver. Donc on on nous fait pas mal de reproche en disant euh je je vais pas passer ma journée à essayer de trouver mon nom. Bon euh il y en a certains qui nous ont demandé On les a retrouvés leurs noms hein? Parce qu'on a essayé de tenir notre promesse que tous ceux qui se sont pré abonnés les vingt-quatre mille six cent trente-deux sont seront publiés dans pas dans le numéro un là il doit y en avoir que que quatre mille mais euh au fil des mois à venir donc cette page là est-ce que est-ce qu'on a bien fait d'être d'être aussi dense je ne sais pas c'est peut-être un petit [00:08:00] regret je ne sais pas

Mathieu Rouault: en termes de vente en kiosque et qu est-ce qu'on commence déjà à avoir des retours

Hervé Poirier: alors ça fait donc il est en kiosque que depuis mercredi Oui c'est très

Mathieu Rouault: récent

Hervé Poirier: bien sûr et ça on devait atteindre les quinze mille euh hier soir.

Euh j'ai aucune analyse euh de de de la performance. Ceux qui l'analyse disent que c'est plutôt encourageant

Mathieu Rouault: Ouais en tout cas, félicitations pour le lancement de cette cette campagne. Vous vous êtes fait accompagner ou ça vient vraiment de l'équipe en interne? Parce qu'on on sent une vraie maestria à l'oeuvre dans l'agenda de de de communication, hein?

De de cette

Hervé Poirier: campagne Bah, la base d'epson et la base du du presque du journalisme, c'est c'est la conviction que les histoires vraies sont les plus belles et qui sont les plus convaincantes et que si on raconte juste l'histoire dans sa nudité, c'est aussi pour ça que la maquette, on a essay de la rendre nue et ben elle est plus touchante.

Et ben figurez-vous que l'histoire qu'on raconte autour de Epsilon. Elle est vraie, elle est simple et je pense que si elle a touché, c'est qu'ils ont bien vu les auditeurs, [00:09:00] les spectateurs ou les les futurs lecteurs, que il y avait une forme de sincérité et que donc on n'a pas embarqué des armées de marketeurs pour essayer de faire du En fait, on a raconté notre histoire avec notre forme d'amateurisme aussi, puisque c'est pas notre métier de raconter notre histoire.

Mais il se trouve qu'elle a touché parce que notre histoire, elle est peut-être, un peu simple. Elle est peut-être, un peu belle. Je pense que nous, on avait la conviction qu'elle était moderne, c'est-à-dire l'appétit des gens pour un jeu, pour le journalisme. Mais qui est le plus haut n depuis quelques décennies.

Enfin, le plus haut nid, il y a les politiques, c'est le métier le plus haut, ni en France, mais on était passé, nous, les journalistes, devant les avocats, ce qui était une belle performance. Et la conviction d'epson, c'est qu'il a dit il y a un renversement actuellement et que il y a une réhabilitation de ce vieux métier pour et les une à une appétit pour avoir une information fiable et sincère qui sont les deux mamelles?

Disons du journalisme. Et donc nous, on était convaincu qu'on avait une histoire moderne, qu'on avait une histoire en phase avec le monde, le le, le, le Covid. La crise du [00:10:00] covid avait montré que la science est quand même un peu de plus en plus au coeur du monde. Donc on avait conviction qu'on était moderne, à plein d'égards et donc on se disait ça peut marcher mais euh, on n'avait pas besoin de pour avoir ses convictions et on n'a pas eu besoin.

Alors les équipes marketing du H M. Très performantes, très intelligentes, nous ont écouté, raconté l'histoire et on nous ont aidé à à à mettre en forme sur Ulule le le le la promesse mais mais ils sont euh ils nous ont accompagnés et ils ont presque fait partie de notre de notre aventure. Donc euh non, c'est pas entouré de, de d'experts, de, de de, de marketing je pense que c'est le secret en fait c'est euh essayer de transmettre.

euh directement nous notre hist, L'histoire vraie, le le, c'est le propos D'epson, hein, c'est de dire on va déshabiller le le le On va pas faire d'artifice, trop journalistique. On va essayer de mettre le lecteur en face des en face du réel, le réel qui est toujours plus imaginatif, toujours plus touchant, toujours plus [00:11:00] surprenant, plus violent, plus radical que la fiction.

On pense que le a plus d'imagination que la fiction et notre Je

Mathieu Rouault: voudrais qu'on revienne un petit peu sur la, sur cette équipe, sur cette que vous avez réussi à constituer. Je tente en vain de passer des portraits, mais ce soir, ça ne marche pas, je ne ça ne veut pas. Voilà. Il y a des soirs comme ça, comme hier soir dans un autre cadre.

Ça, ça, ça ne fonctionne pas. Bref, cette équipe parlez-nous en un petit peu de qui elle est composée, une quinzaine de personnes à peu près. Et qui fait quoi plutôt alors je viens d'afficher à l'instant le le portrait d'une de vos collaboratrices.

Hervé Poirier: Donc euh, qui qui qui fait partie de la rédaction en chef d'epson donc on est On est une armée un peu mexicaine dans le sens où il y a beaucoup de il y a beaucoup de chefs.

Euh, mais euh, tous étaient de science et vie à à nous tous. On a cent soixante dix ans d'expérience, de journaliste scientifique, ça fait beaucoup, ça fait pas mal. Il y a différents corps de métier. Il y a des gens spécialistes dans l'enquête et la rédaction, d'autres spécialistes dans la maquette, d'autres spécialistes dans la photo, d'autres spécialistes dans l'infographie, d'autres dans [00:12:00] l'édition.

L'idée d'un journal et d'une rédaction, c'est que tous ces corps de métier soient service de d'une histoire. Donc on aurait jamais on ne se serait jamais embarqué dans cette aventure si on n'avait pas cette masse critique de compétence M

Mathieu Rouault: ce là et cette cette équipe tout à fait enthousiaste qui porte ce ce nouveau magazine de science est-ce qu'il est pas parfois un peu Euh comment dirais-je sujet à caution dans la mesure où parfois dans les éléments de langage qui sont portés volontairement ou non dans les dans les campagnes on a l'impression que bah le journalisme scientifique c'est moi quoi Il y a un côté un peu euh est-ce qu'il n'y a pas un risque de faire du du science et vie latéralement Euh j'ai entendu parfois certaines personnes qui se réclamaient de d'epson euh bah dire qu'il y avait plus de journaliste scientifique chez Science et vie euh c'est pas un peu dur et surtout est-ce que c'est vrai

Hervé Poirier: alors le le le [00:13:00] la la l'histoire a été violente pour tous ceux qui sont partis très violents c'est euh moi j'avais pas du tout l'intention de parler de science et vie et euh il est il est il est il est vrai que cette violence qu'on a ressenti euh elle a pu être transmise dans nos dans nos discours euh le fait est que à l'heure actuelle euh à sciences et vie euh les il y a pas eu de per il y a une personne qui a été remplacé par sur les sur tous les départs tous ceux qui sont partis

Mathieu Rouault: il y a personne sur les salariés mais sciences et vie aujourd'hui Euh bah voilà, moi je prends le numéro de science et vie de de de ce mois-ci il y a il y a il y a des pigistes qui ont travaillé dessus, ils sont journalistes non

Hervé Poirier: absolument le le L'idée d'une de science et vie telle qu'on faisait, c'est que un journal c'est une rédaction rédaction, c'est un lieu et c'est aussi un collectif qui se rassemble et qui discute l'organisation euh telle que telle qu'elle est actuellement à science, c'est un c'est plus un espace de discussion puisqu'ils sont plus il y a plus un lieu où ils se rencontrent Mais pour vous dire franchement [00:14:00] La question m'intéresse moins m'intéresse pas beaucoup.

Moi ne m'intéresse pas beaucoup, nous euh il est il est nous? On veut faire quelque chose qui qui qui est notre aventure? Euh, on vient de là, ça fait partie de notre histoire, mais moi je ne suis pas là pour analyser. Euh comment est-ce que science et vie va se réinventer une fois que la majeure partie de ses journalistes internes sont partis?

M avec euh des des des des les les selon moi les les les meilleures plumes.

Mathieu Rouault: Un mot quand même sur cette sur les cons, les conditions de ce départ et de ce lancement est-ce que parfois, compte tenu de la précarité professionnelle de de nombreux journalistes, on ne vous a pas fait le reproche de vous comporter un peu en enfant gâté finalement de la profession est-ce qu'on ne vous a pas dit parfois écoutez vu vu le vu le bazar que c'est vu comme c'est dur en ce moment.

Euh, faites le dos rond, ça passera et finalement vous arriverez à à à vous entendre avec mea après tout.

Hervé Poirier: Euh alors on ne m'a jamais fait le reproche, mais euh, ça me plaît, qu'on me le fasse Euh parce que [00:15:00] euh, moi, quand on m'a dit Rio, quand Riwal m'a dit vous n'avez plus le contrôle éditorial du site Euh j'ai su en trois secondes que ma place ne serait plus dans le journal.

Euh j'assume, j'assume le le l'image que vous que vous dites. C'est-à-dire, euh des prétentieux un peu Moi je pense que être journaliste c'est être incroyablement prétentieux. C'est prétendre que ce qu'on a à dire vaut le coup d'être entendu par des milliers, des dizaines de milliers, voire des millions de lecteurs science il y avait quatre millions de lecteurs donc euh ça y est, il y a il y a des

Mathieu Rouault: il y a des membres de la alors pour pour le dire à celles et ceux qui nous regardent c'est euh une soirée spéciale peut-être un peu pour vous donc on va peut-être avoir.

On peut pas voir passer des gens derrière vous de temps en temps. Bah

Hervé Poirier: vous verrez peut-être passer des des des des des membres de la rédaction d'epson qui viennent ce soir trinquer un peu Euh pour euh se délasser après euh de la fatigue, on a bouclé le numéro deux et ce fut un des bouclages les plus difficiles que l'on a eu à faire parce que on a eu très peu de temps, beaucoup de pression, beaucoup de [00:16:00] c'était en même temps que le lancement.

Donc on est tous harassés, mais on est quand même content d'être ensemble, donc on s'est réuni ce soir. Euh bah euh, chez moi, là pour pour trinquer un peu ensemble. Donc vous verrez peut-être passer des collègues qui viendront vous faire un petit coucou mais euh alors tous les collègues sont peut-être, pas aussi.

Enfin, chacun a sa personnalité, mais tous ont quand même une forme de prétention que je peux comprendre, qui qui peut être très très agaçante. Mais moi, je ne vois pas comment on peut être journaliste sans être un gros prétentieux.

Mathieu Rouault: Allez, des questions, du tchat J'ai plein de questions, moi évidemment, mais si vous passez par là, vous êtes dans le grand labo.

On est avec Hervé Poirier, c'est le rédacteur en chef d'epson, et il ne faut pas hésiter à le questionner au moins autant que moi. C'est le jeu Question de Sébastien, Bonsoir et et merci. J'avais treize ans lorsque j'ai acheté le numéro hors série cent trente quatre et cent trente sept en mille neuf cent.

Quatre-vingt-un, hein? Je rappelle que la revue est donc il parle de science, science et vie, créée en mille neuf cent treize, hein, je le rappelle. Euh, la photo, puis l'astronomie, ils sont sous mes yeux. Ce sont des joyaux. Voilà, C'est peut être un message pour dire à quel [00:17:00] point la science et les journalistes scientifiques sont pourvoyeurs de, de de merveilleux d'enthousiasme et d'excitation face au monde qui nous

Hervé Poirier: entoure.

Ah bah c'est la, c'est la conviction de base, c'est que la science euh a une façon de parler du monde qui est euh incroyablement émouvante. On se vit comme un journal d'émotion, pas un journal de savoir ou de pédagogie qui on n'est pas des professeurs on on pense que c'est incroyable, émouvant de regarder le monde au microscope, au télescope ou avec n'importe quel outil et on voit des choses sur surgir qui sont qui sont soit euh merveilleuses, soit euh inquiétantes soit euh surprenantes, soit radicales en tout cas toujours émouvante.

Donc on science civique, on était à science civique, on on essayait de d'y, d'y, d'y, d'y mettre de l'émotion et à Epsilon on a essayé de mettre ça. encore plus au premier

Mathieu Rouault: plan, une autre une question de Vincent Alors j qui anticipe un petit peu des des des questions relatives au contenu, à la proposition de valeur comme on dit aujourd'hui euh de [00:18:00] d'epson mais je la prends quand même parce que c'est une question intéressante, une remarque intéressante.

Bonsoir Hervé dit Vincent Aviez-vous des des sujets qui ont été écartés par la ligne éditoriale de science et vie et que vous comptez aborder avec Epsilon Est-ce qu'il y a des choses je reformule sa question qu'on s'interdisait de traiter dans Science et vie qu'on peut traiter dans Epsilon.

Hervé Poirier: Une bonne question, on les traitera pas de la même façon, mais je ne vois pas en fait de choses qu'on ne va pas traiter dans epsilon.

Donc euh euh, a fortiori pas des choses qui ont été dans science C je dirais non à Vincent Euh il y a pas de de il y a pas de, il y a pas d'interdit. Tous les sujets sont valables à partir du moment où la science a quelque chose à dire dessus. Euh, mais ça couvre tellement de choses que je ne pense pas que il y a des sujets qu'on faisait à science, qu'on s'interdira de faire, on les traduit, je

Mathieu Rouault: pense Ouais euh, je reviens un petit peu à cette à cette à ce lancement là tout frais.

Encore une fois, ça date du vingt-trois du vingt-trois Juin, c'est des voilà des lancements [00:19:00] qui sont qui sont pleins d'enthousiasme, où vous racontiez au début de ce à quel point vous étiez porté collectivement par un vrai projet éditorial. Est-ce que vous craignez vous à titre personnel? Une ch? Euh que le que le soufflet je dirais euh redescende Euh voilà, retombe

Hervé Poirier: Oui bah bien sûr Oui, bien sûr, en en faisant suscitant, on a bien vu que ça a suscité une forte attente, donc on a eu une très forte pression pour le un, mais on a Euh, on vient de sortir d'une forte pression pour le deux et on a bien conscience de l'incroyable fragilité de la relation qu'on établit avec le lecteur.

C'est c'est très facile de détruire une relation et euh donc oui, on a bien conscience de l'incroyable fragilité dans lequel on est c'est à dire qu'on on maintenant, on ne peut que décevoir quelque part ou alors être juste à la hauteur de l'attente. Mais on ne pourra plus là, on a placé quand même. On a senti une grande grande attente.

Ouais, on a, on a beaucoup, je crains énormément ça et je me lève le matin. Je me couche le soir avec cette crainte en me disant bon sang, mais comment on va faire pour être à la hauteur? [00:20:00] Euh, c'est un métier incroyablement stressant pour être à la hauteur de la confiance aveugle que les pré abonnés ont fait, que les acheteurs en kiosque font depuis quelques jours.

Euh, bien sûr, bien sûr que c'est une crainte. Et bien sûr, rien n'est garanti, quoi et au contraire enfin, ça va être très très difficile d'être à la hauteur.

Mathieu Rouault: Mathilde Fontez Euh Hervé Poirier Mathilde Fontez dans le de présentation d'Epson a dit au tout début de la vidéo Nous voulons réinventer le magazine scientifique du dix-neuvième du vingt et unième siècle.

Pardon, nous voulons réinventer le magazine scientifique du vingt et unième siècle. C'est d'ailleurs ce qui a donné lieu à au titre de cette de cette émission Réinventer le journalisme scientifique. Concrètement, ça veut dire quoi?

Hervé Poirier: Euh, ça veut dire quoi? Ça veut dire peut-être? Ne pas s'intéresser à la science peut-être, ne pas s'intéresser à la pédagogie peut-être, ne pas s'intéresser à la vulgarisation.

peut-être ne pas se dire qu'un journal scientifique, c'est un journal qui parle de la science. Peut-être. Euh donc, on a essayé de faire ce chemin là et je pense que ça se [00:21:00] voit Dans le magazine, on a ôté beaucoup de de signes scientifiques. On a mis beaucoup de courbes, beaucoup moins de gras. Il y avait Peut-être, une sorte de on s'est.

On est un peu, je pense qu'on s'est décomplexé. Un journaliste scient un journal scientifique au vingtième siècle, il fallait qu'il soit assez chargé de signaux pour dire Regardez, c'est de la science, c'est de la science. Ouais ouais, nous on a essayé de se dire non. En fait, on ne s'intéresse pas à la science, on s'intéresse enfin.

Vous savez, c'est la vieille blague euh du du, du sage qui montre la lune et du fou qui regarde le doigt. Les journaux scientifiques au vingtième siècle étaient quand même très centrés sur le sage et sur le doigt du sage. Nous, on se on a la bêtise, on a l'ingénuité de regarder la lune directement et pas s'intéresser énormément aux sages.

Euh, il y a des il y a des glorieux concurrents euh, par exemple, comme science et avenir, qui ont une passion pour le sage, pour le doigt. Euh, qui pensent que qui qui qui ont une conviction euh éminemment respectable, que que la science est une affaire humaine, que la science est un humanisme et que derrière la [00:22:00] science, il y a l'homme et il y a, il y a le chercheur et qu'il y a des portraits de chercheurs.

Il y a la fascination pour l'éthique de la recherche, de la recherche, pour les outils scientifiques. Et bien nous, on a essayé de réinventer un magazine scientifique qui se désintéresse de la science. Euh, c'est paradoxal, effectivement paradoxal, mais en en fait, on est tous de culture scientifique et mais moi, je ne m'intéresse pas du tout à la science en fait fin.

Je m'intéresse à ce qu'elle révèle, je m'intéresse pas au sage. Par contre, je comprends que quand il montre la lune, je ne la vois jamais. Je ne la verrai jamais de la même façon. S'il avait pas ce film là, pour me parler de l'histoire de ses cratères, de sa forme que c'est pas une en fait, c'est pas un cercle, c'est une sphère.

Enfin il y a le sage a doit nous montrer la lune et nous expliquer. On ne peut pas voir la lune sans le sage, mais c'est pas en regardant le doigt. que qu'on va comprendre, donc c'est peut-être. Euh, cette conviction que le monde c'est la science qui en parle le mieux et c'est le monde qui nous intéresse.

On va s'intéresser, on s on on notre c'est nouveau magazine d'actualité scientifique En fait, elle serait plus juste à dire nouveau [00:23:00] magazine scientifique d'actualité. On s'intéresse à l'actualité du monde. M

Mathieu Rouault: quand vous essayez, mais tout de même, quand vous essayez de vous représenter le lecteur ou la lectrice d'epson il ou elle ressemble à quoi?

Hervé Poirier: Euh est-ce que c'est une question que vous vous posez d'ailleurs? Non, non, parce que on n'est vraiment pas fort en en marketing. En fait, on se dit que c'est une

Mathieu Rouault: personne, c'est pas une question de marketing, c'est quand j'écris une lettre à quelqu'un, je sais à qui j'écris et je je je je j'écris pas dans le vent, j'écris pas en regardant.

Euh je n'écris pas à moi-même. Donc j'imagine que le journaliste aussi. Il doit se dire à un moment donné. Euh, je partage une information, il faut que je me préoccupe de savoir qui va l'entendre ou qui va la lire pour adapter les mots et que le message soit bien transmis. Non, pas

du

Hervé Poirier: tout. Bah non, c'est un c'est enfin peut-être que des collègues n'auraient pas la même réponse que moi.

Mais moi je parle de ce qui m'émeut. Moi je suis le creuset en me disant si ça m'émeut, moi ça va émouvoir les autres. Je ne sais pas si c'est ça sera une une une jeune femme de quinze ans ou euh, [00:24:00] un grand-père de soixante-quinze ans si ça sera quelqu'un qui croit en Dieu ou quelqu'un qui est un militant communiste, je sais pas si ça sera.

Euh euh un quelqu'un qui vit au fin fond de la Nouvelle Calédonie ou qui est au Québec, je crois pas que ça soit intéressant. Enfin moi, ça ne m'intéresse pas de, de, de de vouloir m'adresser à une personne. Enfin je je vous êtes dans la

Mathieu Rouault: proposition, dans la demande, dans l'offre plutôt et pas dans la dans le vous cherchez pas à avoir une idée préconstituée de ce que serait la demande en matière de journalisme scientifique?

Et vous vous pensez euh proposer quelque chose d'original et que cette originalité suffira à faire venir à vous un public?

Hervé Poirier: Ouais c'est le pari. On est un vendeur de drogue et on va essayer de faire la drogue la plus dure possible à avec euh qu'elle soit addictive mais la drogue Euh tous les cerveaux humains sont un peu constitués pareil quoi c'est-à-dire n'importe qui prend de l'héroïne, il va devenir un drogué alors nous c'est une drogue qui va être euh [00:25:00] saine pour l'esprit mais je pense que tous les cerveaux du monde vont être peuvent être émus par les mêmes histoires et donc on ne va pas faire une analyse.

On n'est pas parti sur une analyse sociologique du lecteur. On pense que l'émotion est universelle. On pense que on va essayer de vendre de la drogue dure. Euh pour tous les cerveaux en promettant que euh, ça leur fera du bien cette drogue là. M

Mathieu Rouault: Euh, si vous nous rejoignez, on est en direct avec Hervé Poirier, le rédacteur en chef d Epsilon, le nouveau magazine mensuel de science qui a été conçu, imaginé par d'anciens journalistes, d'anciennes journalistes de sciences et vie.

Et on discute avec lui pendant encore à peu près une demi-heure, un peu plus de journalistes scientifiques, bien sûr, et et de l'enjeu que recouvre au-delà du cas particulier du projet éditorial de D Epsilon que recouvre cette aventure? Voilà le fait de se lancer aujourd'hui pour créer un magazine. Même quand on est des journalistes expérimentés, c'est une aventure.

Ce n'est pas forcément gagné [00:26:00] d'avance, évidemment. Et à l'instant, Hervé Poirier nous nous parlait de de son, de son stress et du fait qu'il y avait un défi à relever. Euh, j'imagine que c'est euh, c'est évidemment aussi un un, un challenge, et c'est c'est évidemment très très excitant. C'est pas que la la la pression négative, au contraire, j'imagine.

Mais je voudrais qu'on revienne un petit peu sur cette notion. Euh, que vous avez déjà partagé dans dans d'autres médias, engagé mais pas militant. Un journaliste scientifique. Le journalisme scientifique que vous avez envie de proposer avec Euh euh avec Epsilon, c'est un un un journaliste engagé mais pas militant.

Ça veut dire quoi concrètement? Sur des sujets comme notamment sur les sujets science société? Si on parle de OGM, si on parle de de voilà de de de souffrance animale ou de si on parle de, de sujet de de vaccins. Euh, qu'est ce que ça va changer concrètement? Dans la ligne éditoriale, le fait de se dire On est des journalistes engagés, mais pas militants.

Hervé Poirier: On pense qu'on est. On a la prétention d'être moins intelligent que le lecteur. [00:27:00] On est très prétentieux, mais on a la prétention d'être plus bête que le lecteur. On a la prétention de pas pouvoir saisir la complexité que le lecteur sait, euh existait autour de lui. Il sait que le monde est compliqué, il sait qu'il y a des tensions partout.

Il sait qu'il y a des sujets politiques, économiques, sociaux, euh très compliqués et on va pas lui dire ce qu'il faut penser sur ces sujets là on pense que c'est à lui de se faire sa propre opinion. On est juste à son service, donc on n'est pas militant au sens où on ne va pas lui dire quoi penser sur les OGM, sur le nucléaire, sur le réchauffement, sur le, l'écologie, sur euh, la redistribution des richesses que sais-je, Il est très grand pour le SA.

Enfin, on pense qu'il a des idées déjà de ça. Nous, on va lui donner quelques arguments objectifs qui vont lui permettre d'affiner ses

Mathieu Rouault: opinions et comment se traduira cet engagement.

Hervé Poirier: L'engagement, c'est l'engagement à l'indépendance c'est-à-dire Qu'on s'engage à ce que tout ce qu'on écrit dans le journal ne soit que pétri de notre propre [00:28:00] sincérité et de notre propre fiabilité.

Mathieu Rouault: D'accord, donc c'est pas l'engagement dans le choix des sujets, c'est l'engagement dans le fait de faire juste bien son travail de journaliste. Ouais, c'est

Hervé Poirier: avec transparence, on a une charte, on montre dans le journal comment on travaille avec transparence, on montre combien de gens on interroge, on s'engage à travailler de façon indépendante et forcenée mais on s'engage on on a une cause peut-être qu'on défend c'est un peu plus de rationalité dans ce bas monde ne lui ferait pas de mal M

Mathieu Rouault: On va parler d'indépendance un petit peu parce que vous venez de citer justement cette cette charte d'indépendance éditoriale qui dont s'est dont s'est doté Epsilon euh alors assurer son indépendance aujourd'hui quand on lance un média comme Epsilon euh ça veut dire quoi là encore?

Au regard de qui est-ce que vous voulez constituer, conserver cette indépendance et avec quels moyens? Est-ce qu'il y a une charte?

Hervé Poirier: Ça suffit non non le le une charte ça ne suffit pas, c'est un élément, le l'indépendance, on ne va pas se Enfin, c'est très clair, la garantie de l'indépendance c'est la [00:29:00] rentabilité.

On a un budget qui est quatre-vingt-treize pour cent du budget vient du lecteur, on aura au maximum sept pages de publicité avec un prix qui sera fixé et on n'ira pas au-dessus au-delà donc intrinsèquement quatre-vingt-treize pour cent des revenus d'epson viendront du lecteur. Si on n'a pas de lecteur, c'est pas qu'on ne sera pas indépendant, c'est qu'on sera mort.

On a des lecteurs dans ce cas, intrinsèquement, on aura les moyens d'être totalement indépendant de l'actionnaire, si tant est qu'il voulait influencer, influer sur la politique éditoriale des annonceurs, mais aussi et c'est là où euh, ça va être un combat de nos propres convictions. Chacun a ses convictions.

Moi j'ai des convictions, je je m'engage à ce qu'elles ne transparaissent pas dans le journal, mais l'indépendance, il y a un seul moyen d'avoir l'indépendance, c'est la rentabilité et la rentabilité. On pense que c'est c'est un, c'est un cercle très très vertueux. Et euh, je, je fais juste une toute petite aparté.

Les séries [00:30:00] télé Euh H B O. À la fin des années, Soixante-dix a inventé un modèle totalement différent. On va arrêter d'être financé par la publicité, mais on va de On va être sur des sur des modèles payants, les gens vont payer et Netflix, quelques décennies plus tard, a repris et accéléré ce modèle là. Et il y a un cercle éminemment vertueux qui, selon moi, a fait augmenter considérablement la, la, la, la qualité des séries, c'est que plus la série sera intéressante, plus il y aura de spectateurs, plus il y aura de spectateurs, plus y aura les moyens pour faire des séries encore plus intéressantes.

Il faut enclencher ce c vertueux Epsilon C'est le pari d'enclencher ce cercle vertueux après des décennies où la où la la, la publicité sur les magazines n'a fait que chuter où le le la distribution en kiosque n'a fait que chuter où les prix du papier et de la distribution n'a fait qu'augmenter. Bref, tous les piliers de la presse magazine euh se sont effrités.

donc il y a une perte de rentabilité. Donc il y a une une, une fragilité de l'indépendance. C'est cette indépendance là qui nous a fait quitter notre ancien magazine, cette perte d'indépendance là qui nous a fait quitter cet ancien [00:31:00] magazine? Euh, et la conviction, c'est qu'on rentre dans un nouveau cycle par rapport à l'attente du public, à l'aspiration à un journaliste.

Donc on va rentrer dans un cercle vertueux qui va garantir l'indépendance, parce que plus on aura de lecteur, plus on aura de moyens. Plus on aura de moyens, plus on sera intéressant. Plus on sera intéressant, plus on aura des lecteurs, mais le le le il n'y a pas d'autre issue. Nous, on ne cherche pas des mécènes, on ne cherche pas un milliardaire, Il y a beaucoup de journaux qui sont rachetés par des milliardaires.

On a fait le choix d'aller à la rencontre d'un éditeur qui avait peu de moyens pour y cacher. Ça reste entre nous. On s'est fait approcher par des gens qui avaient beaucoup de moyens. On a été euh euh touché d'être un peu désirable

Mathieu Rouault: finalement. Mais Est-ce que ça veut dire qu'Emmanuel Mounier, un jour, peut reprendre ses peut revendre ses parts à justement un de ces acteurs plus gourmands.

Hervé Poirier: Euh

Mathieu Rouault: ah voilà une question qui est

Hervé Poirier: bonne, le il ne peut bien sûr, elle est très bonne, [00:32:00] elle est très bonne. C'est une question qui nous? Qui qui, qui évidemment nous, nous nous Euh la charte l'aborde sur plusieurs manières et l'acheteur ne peut l'acheter que s'il a signé avant la charte, s'il a si si, s'il s'engage à la respecter.

Et euh, en cas de problème, il y à ce qu'on n'avait pas pour nous à science et vie c'est-à-dire la possibilité dans le journal d'alerter le lecteur qu'il y a des menaces sur l'indépendance du journal, ça, on ne l'avait pas dans l'ancien journal. Là, il y a la garantie que s'il y a un problème, moi j'ai pas de problème.

On enfin il faut. Il faut quand même noter quelque chose Mathieu, Quand est arrivé, on est resté la moitié de la rédaction est partie. Celles qui font des c'est ceux qui sont restés, qui ont été sans doute assez naïf pour croire que ça allait bien se passer. En tout cas, qui ont dit On ne fait pas de procès d'intention, on ne fait pas de délit de sale gueule.

Donc s'il y a un nouvel actionnaire qui arrive et bien tant très bien, on jugera aux actes. Mais on a, avec notre charte, les moyens d'alerter le lecteur d'acte d'actes qui ne seront pas en phase avec les valeurs de Psy. [00:33:00] C'est donc c'est on n'a pas trouvé on, on s'est, on s'est beaucoup. Euh, on a beaucoup discuté avec Julia Cagé, qui est assez experte dans la façon de défendre l'indépendance des journaux et a trouvé que notre charte était finalement assez imaginative, assez nouvelle.

Euh, avec cette bombe nucléaire qu'on a posé au milieu, c'est que si ça se passe mal, le lecteur peut être au courant. C'est une bombe nucléaire au sens où personne n'aura envie de l'enclencher parce que ça casse immédiatement la relation de confiance avec le lecteur. Donc l'actionnaire n'a pas du tout intérêt à ce que ça se passe mal euh et ce pari là qu'on qu'on a, qu'on a, euh qu'on a enclenché.

Euh après il y avait la rencontre avec Emmanuel Mounier qui portait des valeurs qui nous paraissaient beaucoup plus. Enfin très saine. Euh, sur son son amour de la science et son son son, sa personnalité et la personnalité de son groupe aussi. Euh, entre pap abricot euh ou euh, comment ça marche? Il y avait des valeurs qui nous paraissaient assez saines m Voilà, il y [00:34:00] a, il y a, il y a la rédaction du

Mathieu Rouault: monde,

Hervé Poirier: là c'est ça, il y a la rédaction qui arrive.

Euh je, je peux leur demander de venir. Euh, vous savez, il y a Mathilde Fontez par exemple, qui

Mathieu Rouault: qui faites comme chez vous, c'est le cas en plus. Bonjour Mathilde. Et bah ça c'est du vrai comme je l'aime, ça fait super plaisir de vous voir. Alors vous faites la fête ce soir? Bah oui, on essaie de célébrer.

Ouais, on prend le temps de de s'approcher vous pour qu'on vous entende bien

Hervé Poirier: dit oui ce soir, on prend le temps de célébrer le lancement et et la et surtout

Mathieu Rouault: l'arrivée en kiosque du PS. Ouais, Hervé Hervé me disait à quel point ces dernières semaines, ces derniers mois étaient fatigant et et aussi enthousiasmant.

C'est quoi votre? C'est la question que je posais tout à l'heure à Hervé Poirier. C'est quoi l'adjectif que vous devriez que vous souhaiteriez retenir pour qualifier ces derniers mois de travail? Mathilde? Euh non, c'est

Hervé Poirier: pas la fatigue, c'est vraiment la joie, l'enthousiasme. On a, on a cessé de se dire, même quand on était plus fatigué, qu'on n'aurait jamais la chance de lancer une deuxième fois un un [00:35:00] premier numéro d'un magazine, de le fabriquer du début à la fin, de penser du début à la fin.

Donc euh, non, non, et on espère que la joie se voit et c'est C'est un peu le ressenti qu'on a eu dans tous

Mathieu Rouault: les lecteurs qui nous ont parlé. Ouais, il y a des pas mal de de j'imagine de, de lecteurs, de celles et ceux qui vous ont soutenu sur Ça doit faire du bien de d'avoir ce ce retour là. Ouais, ça fait

Hervé Poirier: du

Mathieu Rouault: bien.

Après, ils sont exigeants, donc c'est Il y a des critiques déjà de celles et ceux qui vous ont soutenu sur cette ce premier numéro et on se dit tout euh oui où est-ce qu'ils sont tous Wou, continuez comme ça,

Hervé Poirier: non? Oh non! Les lecteurs sont intraitables, sont sont très très exigeants et ils ont bien raison parce que c'est c'est eux, ils ont payé, ils ont payé donc c'est le moins qu'on enfin non non ils sont il y a déjà des critiques Euh euh certaines on est tout à fait d'accord, on a honte, il y a des endroits, c'est pas lisible.

On a écrit en jaune sur du blanc personne

Mathieu Rouault: enfin ça va si c'est que ça franchement euh

Hervé Poirier: après il y a des gens qui ont trouvé ça. Voilà, il y a une carte où les gens disent je ne comprends rien à cette carte, on on ne l'aurait pas fait. Si on le [00:36:00] refait on le referait pas pareil évidemment, mais il progresse mais mais on promet aussi de, de, de, de, de, d'essayer, de s'améliorer et puis très sensible aux critiques enfin c'est le jeu public hein?

Quand quand on sort en public, on accepte d'être critiqué parfois sévèrement Euh rarement injustement je trouve rarement. Ouais,

Mathieu Rouault: on on on voit un un de vos un de vos collègues également à l'écran. Bonjour, alors je ne vous ai pas reconnu, C'est qui? C'est roman alors Romain de quoi vous vous occupez dans Epsilon

Hervé Poirier: alors je m'occupe de physique quantique, informatique, théorique, mathématique.

D'ailleurs c'est une des critiques qu'on a reçu, c'est que le numéro un manquait de mathématiques. Donc voilà, j'ai été mis au au travail et

Mathieu Rouault: euh voilà ce genre de sujet. Vous êtes donc journaliste journaliste? Oui bon vous allez pas me dire le contraire, mais j'imagine que l'ambiance est plutôt bonne quand on travaille comme ça en bonne intelligence avec des gens qu'on connaît si [00:37:00] bien Très

Hervé Poirier: bonne ça fait euh deux décennies ou plus que je connais Euh Hervé euh quatorze ans que j'ai travaillé à Sciences et vie avec Hervé et Mathilde donc euh, ambiance fiévreuse

Mathieu Rouault: dans le bon sens.

Hervé Poirier: beaucoup de fièvre, beaucoup de fièvre, ça la température.

Mathieu Rouault: On va continuer cette conversation. Il nous reste une vingtaine de minutes. Euh, soit à trois, soit avec vous Hervé, c'est vraiment vous qui voyez, vous êtes libre de vos mouvements. Ça, ça tombe sous le sens dans Libération. Je voudrais qu'on parle un petit peu du du rôle des journalistes de presse écrite dans Libération, le le dix mai deux mille vingt et un.

Euh vous disiez Hervé, la tradition du journalisme scientifique, c'est de simplifier certains sujets compliqués. C'est la base de la vulgarisation. Quelque part, on ne veut pas être pédago et vulgarisateur est-ce que là aussi on peut revenir. C'est en lien avec la la définition du journalisme que vous donniez tout à l'heure.

Mais ça veut dire quoi? Un journaliste [00:38:00] scientifique qui ne veut pas forcément être vulgarisateur?

Hervé Poirier: Bah il y a, il y a, il y a des sujets qui sont compliqués intrinsèquement Et euh vouloir dire en fait c'est simple, c'est c'est c'est c'est euh,

Mathieu Rouault: à un moment donné, ça veut dire qu'il faut renoncer à une forme de de, de, de recherche de la simplification parce que c'est tromper le lecteur.

Hervé Poirier: Bah on a en fait c'est en référence à une rubrique qu'on a que je peux vous montrer où on a. On a pris le parti inverse de toutes les valeurs du journalisme scientifique. Euh ou c'est cette cette page là? Attendez, je la montre pas bien, je vois bien de la cinq G. Euh il y avait deux options, c'est à dire en fait la cinq G, c'est très simple.

Euh et puis on essaie de le démontrer. Nous on est plutôt parti sur le parti prix inverse, c'est qu'en fait c'est très compliqué d'avoir une C'est très compliqué d'avoir un avis sur la cinq G c'est et et on aurait pu dire non mais on va faire un faut qu'on fasse notre travail. Il faut qu'on arrive à simplifier pour que les gens aient un avis [00:39:00] simple sur la cinq G.

Faut que les gens aient un avis simple sur le plastique. Faut que les gens ont un avis simple sur le nucléaire. Il faut que les gens ont un avis simple sur la voiture électrique. En fait, ces quatre cinq exemples, c'est assez compliqué de se faire un avis. Euh la voiture électrique, il y a des, il y a des il y a, il y a des, il y a des très bonnes.

Euh, il y a des très bons arguments pour être pour et il y a des très bons arguments pour être contre la cinq G. C'est incroyable, mais c'est aussi inquiétant, c'est pas en fait, les choses sont compliquées, donc on a fait. On avait l'ambition de prendre le lecteur pour un adulte qui euh n'est pas à l'école M pour avoir euh finalement, quelque chose qui a été digéré, on le met face à la complexité du monde et c'est bien dans ce même nombre qu'on vit tous.

Donc on veut pas lui dire voilà ce qu'il faut penser sur la cinq G m on veut juste lui dire Euh il y a dans ce bas monde des choses intrinsèquement complexe et regarde cette complexité en face. Voilà pourquoi tu as du mal à te faire un avis. Tu vas pas comprendre, tu vas pas te faire un avis, tu vas comprendre pourquoi t'as du [00:40:00] mal à t'en faire un.

C'est un projet euh qui a le mérite en tout cas d'être un peu radical et nouveau. qui va à l'encontre de certaines valeurs du journalisme scientifique. C'est ça? C'est un des exemples par lequel on pense, c'est essayer de réinventer quelque chose, ne pas être dans la simplification. Quand on quand

Mathieu Rouault: le sujet n'est pas dans le journalisme scientifique

Hervé Poirier: descendant quoi?

On ne veut surtout pas être dans ce mouvement de haut en bas absolument. Et il y a il

y

Mathieu Rouault: a vous parlez de sujet complexe à l'instant de sujet, sciences en particulier complexe. Il y a un sujet sciences aujourd'hui qu'on vit depuis plusieurs mois, mais j'ai l'impression qu'il s'aggrave, qu'il s'accentue en tout cas c'est celui du vaccin et de la vaccination est-ce que sur un sujet aussi important pour la société, pour nos sociétés.

Euh est-ce que vous vous vous sentez euh armé euh conceptuellement ou ou même éditorialement pour vous saisir d'un sujet comme ça et le traiter ou est-ce que vous pensez que sur ces thèmes les choses sont trop [00:41:00] épidermiques pour qu'on puisse euh s'y frotter même quand on est un journaliste scientifique.

D'epson

Hervé Poirier: Ouais non non mais si c'est épidermique, on veut s'y frotter, c'est le contraire. On veut aller là où il y a là où ça gratte, là où c'est compliqué. Euh, là où les avis sont compliqués à forger, on a des enquêtes en cours sur le vaccin. Euh là vous avez Léa des royaux de notre responsable INFOGRAPHIE C'est c'est de sa faute

Mathieu Rouault: si on c'est de votre faute si c'est tout beau en partie j'ai dit que je ferais pas la promo d'epson mais là sur la sur la maquette Euh franchement euh big up gros big up Donc oui sur les vaccins il faut y aller quoi Donc c'est dans le numéro trois alors c'est ça?

Hervé Poirier: Euh dans le euh le numéro trois oui oui, on a une On a un sujet sur les vaccins que je n'ai pas envie de vous dévoiler là. Mais euh, évident mais Mais pour répondre à votre question, si c'est épidermique, alors il faut y aller. C'est le contraire plutôt C'est si s'il n'y a pas de si, si il y a pas de de s'il n'y a pas d'enjeu, je ne vois pas ce [00:42:00] qu'on va y faire.

Évidemment on recherche avec un appétit. Euh pas pervers hein? Mais euh sain je pense. Les sujets sur lequel euh qui sont très casse-gueule, qui sont très épidermiques, qui vont mettre en enfin qui qui vont mettre en tension, c'est ces sujets là que l'on veut chercher, il y en a enfin dès qu'on en trouve un, on saute dessus donc c'est c'est plutôt le contraire hein.

Si le vaccin c'est compliqué alors allons-y

Mathieu Rouault: d'accord. Donc ça, ça promet de de de belles pages chahutées sur les réseaux sociaux Euh dans alors puisqu'on est puisque vous êtes juste là, moi j'aimerais que vous me disiez un petit peu Euh, comment vous avez conçu votre votre, votre maquette? J'ai cru comprendre que est-ce que vous avez travaillé sur le logo aussi.

Euh non pas

Hervé Poirier: du tout Euh donc le logo c'est c'est la direction artistique qui? Euh qui s'en est euh qui s'en est chargée? Euh moi mon travail c'est plus particulièrement la la mise en scène en fait des des des informations donc surtout sur la partie INFOGRAPHIE mais toute la partie maquette du coup [00:43:00] euh c'est plus du rôle de la direction artistique et moi je me trouve plus entre euh en fait euh, un peu comme un pivot on va dire entre euh la les rédacteurs euh la direction artistique, la rédaction

Mathieu Rouault: en chef euh tout ça pour un peu pris En quoi?

Est-ce que c'est facile de faire se parler même des gens qui se connaissent bien mais qui ont des approches forcément différentes des approches métier différentes. Euh bah c'est exactement ça mon

Hervé Poirier: travail c'est euh d'essayer de de en fait de faire en sorte de faire se parler des gens qui n'ont pas du tout le même métier.

Euh ce qui peut être délicat parfois

Mathieu Rouault: c'est euh c'est des c'est des envies

Hervé Poirier: différentes euh qui ont qui peuvent au départ être contradictoires

Mathieu Rouault: et du coup mon rôle c'est de de

Hervé Poirier: faire en sorte que à la fois ça ait du sens et que ça soit beau et que et que le fond et la forme en fait se répondent pour pouvoir servir le sujet.

Euh donc typiquement parfois il

Mathieu Rouault: y a des euh [00:44:00] il y en a un qui voudrait mettre plein d'infos et l'autre qui dit non, ça ne sera pas joli, pas lisible Euh

Hervé Poirier: typiquement le labyrinthe c'est euh exactement euh le l'archétype du sujet ou euh où où L'auteur a envie de mettre énormément d'infos mais euh pour une lisibilité euh même si c'est un casse-tête, euh il est nécessaire de faire des choix et donc parfois euh euh bah l'auteur se voit aussi renforcé par des éléments graphiques qui peuvent soutenir le propos en enlevant du texte.

Euh et

Mathieu Rouault: donc c'est là que et ben c'est merci beaucoup de nous avoir fait entrer dans les dans les coulisses de de cette partie si importante du du magazine j'ouvre la le le le le magazine à nouveau Je suis à la page quatre pardon à la page six et à la page six dans la présentation des membres de l'équipe dson.

On donne leur nom bien sûr, leur fonction dans le magazine, mais aussi leur formation scientifique Est-ce que c'est [00:45:00] nécessaire d'avoir une formation scientifique pour être un bon journaliste scientifique. Hervé Poirier

Hervé Poirier: Non, il ne faut pas être un grand sportif pour être un bon journaliste sportif non plus je pense.

Mathieu Rouault: Donc pourquoi l'avoir spécifiquement ajouté? Euh on on on se limite quel bac a fait? Euh P N

Hervé Poirier: Euh ouais, on a pensé que bah c'est le premier numéro du PR d'un premier magazine, on a pensé qu'il fallait quand même Euh euh mettre en avant euh notre expérience Mais euh, vous me dites qu'est ce que je regrette dans ce numéro?

Je ne suis pas sûr que ça soit ça. Soit Euh je suis pas sûr que je suis pas sûr que c'était une bonne idée pour tout vous dire, mais en tout cas la la réponse à votre question est-ce qu'il y a besoin d'être scientifique, d'avoir une culture scientifique pour être journaliste scientifique, je dirais non par contre d'être curieux après peut être qu'on n'était pas des on a pensé que envoyer on était totalement epsilon n'existe pas.

Envoyer le signal que ceux qui [00:46:00] que même si Epsilon ne s'intéresse pas à la science bah il est fait par des gens qui connaissent un petit peu ce que c'est que la science. On a pensé à un moment que c'était positif aujourd'hui. Euh bah euh voilà, je ne suis pas sûr que c'était une très très bonne idée de mettre ça en avant, Non?

En tout cas c'est un détail. Ouais bah c'est un détail, mais si vous l'avez, si vous avez été un peu choqué par ça, Ah non, j'ai pas

Mathieu Rouault: été choqué. C'est une question qui m'est venue mais vous

Hervé Poirier: avez c'est une très bonne question que vous posez. Je trouve qu'elle est très bonne et je vous réponds on s'est peut-être planté.

Mathieu Rouault: Les chercheurs ont pas toujours une bonne opinion des journalistes scientifiques? Euh j'en vois pas mal, j'en rencontre pas mal comme vous à qui on reproche à qui ils reprochent de, de simplifier à outrance, d'aller trop vite est-ce qu'ils ont raison Et comment réinstaurer un lien de confiance avec des avec des scientifiques qui pour certains considèrent que un ils ont pas le temps de parler aux journalistes et que deux même quand même quand ils prennent le temps de leur parler au final le résultat est pas satisfaisant.

Hervé Poirier: Bah [00:47:00] là vous vous pointez du doigt. Une des grandes forces de pyl c'est que on on est journaliste scientifique depuis longtemps et on a établi avec des centaines de scientifiques une relation de confiance qui s'est basée sur le fait que ils ont constaté qu'on avait fait des enquêtes sérieuses et qu'on avait fait un article qui respectait leurs idées.

Pourquoi est-ce qu'il y a des centaines de chercheurs qui nous soutiennent pourquoi est-ce que dans les soutiens, A priori il y en avait des, des des. On avait un corpus d'une soixantaine a priori et aujourd'hui il y a des centaines de chercheurs qui nous soutiennent. Parce que euh bah ils nous connaissent de par les les aventures qu'on a vécu ensemble depuis vingt ans, les articles qu'on a écrit avec eux.

Et euh euh, je sais pas jusqu'où il y a un réseau de confiance qui s'est tissé, il y a un réseau de confiance qui s'est tissé. La confiance, ça se tisse avec le temps. Euh voilà, Epsilon profite de la très bonne image que les journalistes d'epson ont auprès de leur contact scientifique. Parce que euh, parce que on travaille beaucoup et parce qu'on essaie de [00:48:00] nous, on est convaincu que les histoires vraies sont beaucoup plus intéressantes.

Les vous voyez, on a fait quelque chose qu'aucun journal ne fait plus, il n'y a pas de rubrique. Ça, c'est là où dans tous les journaux, il y en a, il y a plus un seul endroit où il n'y a pas l'endroit où on ça c'est. Et nous on se dans que c'est du temps

Mathieu Rouault: perdu que c'est pas votre mission.

Hervé Poirier: On considère que ça nous intéresse moins c'est-à-dire, c'est aller chercher en fait dans la psychologie de celui qui lui a produit, qu'est ce qui s'est passé?

On trouve que le réel est plus intéressant que la la, la, la folie des, la folie des promoteurs des donc on ne fait pas de des Là encore, on pense que c'est une forme d'originalité, si ce n'est de modernité là maintenant vous avez tu peux peut-être?

Mathieu Rouault: Oui, parce que déjà que je vous vois pas très bien, mais alors en plus Ah c'est monsieur Bocquet pierre-yves Bocquet, c'est ça et pas mal non?

C'est ça alors vous êtes rédacteur, c'est ça? Journaliste scientifique chez Epsilon. Quels sont vos domaines de prédilection? Alors moi

Hervé Poirier: j'ai. Euh [00:49:00] j'ai la spécialité de ne pas en avoir. En fait, c'est de toucher à tout ouais un petit peu. Alors mes origines, c'est quand même plutôt la techno. Voilà, je viens un peu de cet univers là.

Les techniques, l'industrie et cetera. Mais mais mais j'aime bien aussi. Voilà m'en échapper un petit peu, explorer un petit peu ce type de terrain. Donc je suis un peu tout terrain et c'est plutôt plaisant en fait de découvrir des choses et puis d'essayer de faire partager avec le lecteur ce qu'on apprend nous-même,

Mathieu Rouault: c'est plutôt c'est plutôt sympathique en fait.

Alors je vais vous poser une question à tous les deux puisque vous êtes tous les deux euh habituel à l'écriture sur ces de science quoi finalement faire des articles qui parlent de science ou les relire? Euh, il y a toujours une une forme d'appréhension ou souvent une forme d'appréhension chez les journalistes et les directeurs de rédaction et les directrices de rédaction qui ne sont pas de culture scientifique et qui ne sont pas de du domaine de la science.

De façon générale, c'est que parler de science euh ça risque d'être scientifique. Vous voyez ce que je veux [00:50:00] dire? Euh, c'est une expression que j'ai entendu pour la première fois dans la bouche de Sylvestre Rut Je ne sais pas s'il nous regarde, mais ça m'avait bien fait rigoler la première fois qu'il m'a parlé de ça, qu'est ce qu'on peut dire?

Euh, quel mot utiliser? Quelles paroles prononcées pour faire comprendre aux médias qui ne sont pas des médias de science comme le vôtre que ça a du sens de parler de science dans dans ces colonnes, dans leurs colonnes et que c'est pas scientifique?

Hervé Poirier: Bah moi je pense qu'il y a plus trop besoin de le de le lire Euh, je ne sais pas si vous avez remarqué dans toutes les rédactions du monde il y a un an et demi ici les directeurs des des rédactions sont rentrés dans la rédaction pour dire Mais il est où le service science?

Euh il y a le covid qui arrive et qui c'est qui s'occupe des sciences ici c'était plutôt un service au fond du couloir à gauche avec une ou deux personnes aujourd'hui après les services sciences se sont tous renforcés. Tout le monde a dit que la science est au coeur du monde. Tout le monde se dit qu'en fait euh aujourd'hui au [00:51:00] parlement c'est un débat sur la bioéthique demain sur l'intelligence artificielle il y a le covid depuis un an et demi il y a le réchauffement.

Il y a le euh le le vous allez voir tout le monde plus personne va dire ce que ce qu'a dit s'il devait se trouver je pense dans quelques dans quelques années tout le monde va de plus en plus avoir la l'ambition qu'en fait la science c'est au

Mathieu Rouault: coeur du monde donc c'est l'effet latéral positif de covid Dix-neuf il en faut, ça sera

Hervé Poirier: celui-là et celui-là pour Ouais mais on pense que Epsilon a la chance d'arriver dans ce contexte M de convaincre grand monde pour dire que la science elle est au coeur du monde aujourd'hui je

Mathieu Rouault: vous propose de passer au dernier temps de cette de cette interview.

On va on va rendre l'antenne comme on ne devrait pas dire sur YouTube dans quelques instants. Si vous nous rejoignez, n'hésitez pas à poser une dernière question à à à Hervé Poirier, le rédacteur en chef d Epsilon Euh moi j'en ai une concernant la la l'espace que peut s'offrir Epsilon dans un environnement finalement assez occupé, il y a pas mal de concurrence hein?

C'est quoi la suite pour Epsilon s'agissant de [00:52:00] cette place à trouver? Euh j'ai regardé dans les kiosques bon il y a il y a il y a il y a les il y a science et vie, il y a il y a pour la science qui font, qui fait des choses pas mal. Il y a science et avenir qui fait des choses bien aussi. Je crois même avoir oui j'ai j'ai aussi la recherche dans c'est le même groupe que Sciences et avenir.

Euh et il y a pas et j'ai pas encore là avec moi le C le journal du cinéaste. Bon bref, il y a plein de trucs comment on fait pour prendre de l'espace? Exister?

Hervé Poirier: Bah en tâchant d'être plus intéressant que la concurrence la la la La France a le marché de la presse scientifique grand public le plus important au monde.

Les deux scient magazines scientifiques populaires les plus puissants d'Europe sont en France. Science et vie et sciences et avenir. Il y a un appétit spécifique de l'esprit français pour euh la chose euh scientifique et ben on pense qu'il y a de la place pour tout le monde et euh bah après on est dans un univers concurrentiel où [00:53:00] euh peut-être que mes collègues de des concurrents vont trouver que je suis agressif.

Mais ouais on va essayer de de trouver notre place Euh peut-être que ça sera un peu à leur détriment mais nous en fait on aimerait bien dans dans le réseau. Dans le rayon science, on pense qu'on parle du monde, on préférerait être dans le rayon information

Mathieu Rouault: générale. Ah oui d'accord ouais vous vous vous pensez prendre l'espace en en vous décent et vous en quittant les oripeaux du journal de science classique quoi

Hervé Poirier: en tout cas je enfin ça serait vraiment être hypocrite de vous dire que je ne veux pas prendre des lecteurs aux concurrents.

Euh Sciences et avenir science et vie pour la science ça serait hypocrite mais la conviction de base c'est que Epsilon pourrait prendre des lecteurs qui ne lisaient pas la presse scientifique. Et euh on pense que c'est là le principal vivier de croissance d'epson c'est d'attraper des gens qui se disent oh mais en fait la science est au coeur de ce monde et la science c'est pas si ennuyeux, c'est pas si scientifique en fait c'est c'est [00:54:00] joyeux la science c'est jaune, c'est jaune citron c'est pas noir agressif ou blanc froid peut être donc le vrai croissance d'epson euh au-delà de de la de la méchante concurrence on est on en est tous là à vouloir prendre notre part de au soleil dans la presse scientifique, c'est aussi convaincre des nouveaux lecteurs qui n'avaient pas l'habitude de ça et qui vont dire et ben en fait, je trouve ça passionnant.

Notre seul, notre seul avenir, c'est d'être passionnant. De toute façon,

Mathieu Rouault: quelle présence web va prendre Epsilon dans les dans les prochains mois? Et et c'est une question qui se pose à à tous tous les tous les magazines euh vieux ou anciens et tous les journaux, même quotidiens ou mensuels, peu importe l'articulation web comment est-ce que vous êtes en train d'y réfléchir?

Est-ce que vous allez avoir des contenus différents de ceux publiés dans le magazine papier Est-ce que ça va être au contraire une augmentation de ces contenus diffusés sur un papier est-ce que vous commencez à réfléchir à ça parce que c'est un enjeu. J'imagine [00:55:00] majeur pour

Hervé Poirier: vous maintenant enjeu majeur Et euh bah je vais vous dire avec la honte et la sincérité qui me

Mathieu Rouault: sied rapprochez-vous Hervé, Parce qu'on ne vous

Hervé Poirier: entend plus trop, on n'a pas commencé à y réfléchir, on s'est dit deux mille vingt-deux, ça sera le donc on va commencer à y réfléchir à partir de septembre.

Mais on n'a pas eu le temps. On a fait toute cette aventure un peu à la, à l'improvisation. Donc on n'a pas eu le temps de poser cette question qui est évidemment cruciale. Ça paraît un peu stupide de lancer au vingt et unième siècle un magazine papier exclusivement sans site internet. Et ben on à cette stupidité pour l'instant.

Mais on va être très ambitieux. On va être très ambitieux, euh dès l'année prochaine sur sur ça et les questions que vous posez sont très très, très bonnes. On va prendre le temps d'y réfléchir, mais je ne peux pas vous dire en fait, j'en sais rien. J'en sais strictement rien à votre très très bonne

Mathieu Rouault: question.

Ma ma ma question venait peut-être un peu peu trop tôt. Euh, une autre question pour pour vous, pour vous deux ou pour qui le veut, puisque c'est la fin de cet entretien, à quoi vous allez mesurer le succès du du média dans un an, dans deux ans, quand vous [00:56:00] en discutez entre vous, vous vous dites Bon, bien sûr, la question de la rentabilité sur laquelle on n'est pas revenu, mais Qu'est ce qui vous fera dire que en fin de décembre deux mille vingt-deux vous aurez passé un cap ou est-ce que ce sera déjà trop tôt pour en parler en décembre deux mille vingt deux?

À quoi vous allez mesurer quels sont les critères est-ce que c'est simplement le nombre de d'abonnés est-ce que c'est le nombre de vente en kiosque est-ce que c'est la voilà à quoi vous aimerez le succès de D'epson

Hervé Poirier: il y a peut-être un tout simple c'est est-ce qu'on prendra toujours plaisir à être ensemble et à faire une rédaction que cohérente.

Euh qui prend plaisir à discuter, qui prend plaisir à ne pas être d'accord mais qui euh est-ce qu'on sera une rédaction vivante encore et on pense qu'une rédaction vivante ça se voit dans les pages donc est-ce que le journal sera encore vivant de l'intérieur c'est pas évident hein? Moi je vois des journaux que je vais être, je pense qu'ils sont morts à l'intérieur et euh donc on le mesurera nous assez facilement à l'intérieur pour dire est-ce qu'on est encore content de travailler ensemble après euh si on a [00:57:00] cinq mille abonnés ou cent mille abonnés, ça ça influera peut-être l'ambiance dans la rue oui j'imagine

Mathieu Rouault: ça peut jouer un rôle le le numéro euh le numéro deux, vous me disiez euh a été bouclé là il y a il y a quelques jours, on peut avoir un avant goût de la couverture ou du thème principal.

Il sortira quand d'ailleurs.

Hervé Poirier: Vingt et un juillet vingt-deux juillet je crois vingt-deux juillet Euh bah euh, c'est un jour c'est un c'est un Enfin c'est compliqué ce que vous me demandez de dire non? Hein? Marché à forte concurrence. Je sais qu'il y a des concurrents qu'on pas encore bouclé. Euh non le le côté surprise est aussi

Mathieu Rouault: d'accord Bon quoi Ok c'était la question de ton Euh on est

Hervé Poirier: on est maintenant exclusivement centré sur le numéro trois.

Bon mais euh non j'ai pas j'ai pas envie de vous

Mathieu Rouault: dire gardez le pour vous, on le découvrira en kiosque fin juillet. Pas de souci non?

Hervé Poirier: Je vous pour être une enquête qui [00:58:00] met à bas euh une des folies modernes de l'écologie Ah il où? On va vraiment pas se faire des amis? On va vraiment? Euh euh non on va on va mettre les pieds dans le plat sur euh euh quelque chose que toutes les entreprises font aujourd'hui pour euh promettre de que que qu'ils sont euh qu'ils ne qu'ils compensent leurs émissions de gaz à effet de serre et on va être on sait qu'on ne va pas se faire que des amis.

Les chercheurs qu'on nous a interrogés et qui ont produit des résultats que nous montrons sont menacés parce que ça va tellement à l'encontre de l'idée dominante dans le monde. Ça parle, ça a un rapport avec les arbres et on ne va pas se faire que des amis. Mais euh bah euh, on pense

Mathieu Rouault: qu'on est on est aussi être journaliste scientifique accepter, vous le disiez tout à l'heure de de se faire des bah de de d'aller à l'encontre des des, des des, [00:59:00] des gens d'aller à l'encontre des idées qu'on peut avoir sur un sujet.

Mais y aller parce que c'est vrai quoi

Hervé Poirier: et même prendre plaisir un peu à faire ça. Bah aller aller à l'endroit où ça fait mal quoi

Mathieu Rouault: Vincent demande. Euh voilà, c'est la fin de ce live. Mais il y a Vincent qui demande dans le premier numéro, la rubrique fil d'actu semble viser les jeunes entre guillemets, pop science, les adolescents est-ce que c'est un public que vous aimeriez toucher particulièrement les tranches d'âge.

Euh voilà jeunes quoi.

Hervé Poirier: Euh oui, seize ans c'est à partir de seize ans, on pense que c'est c'est c'est c'est c'est c'est lisible à seize ans. Je pense que des gens à douze ans, ils pourront le lire aussi. Euh on a voulu être un peu plus ouvert, plus grand public en effet que Science et vie, sciences et avenir pour la science, la recherche, toutes les glorieuses revues que vous avez cité, on pense qu'on sera on veut être un peu plus simple à lire En effet, plus ouvert à un public non habitué à la presse scientifique, plus ouvert à des gens qui ne sont pas passionnés par la chose scientifique.

Mathieu Rouault: Dernière question c'est vraiment la dernière Euh [01:00:00] c'est quoi votre défi dans les prochains mois? Cet été par exemple? Vous allez bosser pour quoi alors sur quoi alors? Bien sûr j'imagine préparer les prochains numéros ça j'en j'entends bien euh mais voilà, c'est quoi le

Hervé Poirier: le défi? Ça va être pierre-yves qui va l'avoir en première ligne?

C'est euh lancer les hors-séries Ah ouais c'est pour gagner des sioux euh pour gagner des siaux et pour approfondir des sujets de façon plus verticale, ça sera plus une des mono thématiques sur lequel on peut on peut on peut vraiment prendre plus de temps pour euh donc ben le le gros défi de l'été c'est de concevoir avec euh avec Piine et toute l'équipe les hors-série de epsilon que nous nous sommes engagés à produire et qui a déjà pas mal d'abonnés En fait maintenant euh on va produire le premier à la fin de l'année et il y en aura quatre par an dès l'année prochaine donc on n'a pas fini d'être joyeux et fatigué.

Mais euh on

Mathieu Rouault: est assez, ça va être un gros boulot. Merci à vous Hervé Poirier Merci à à tous les membres de l'équipe de D'epson qui ont bien voulu passer une tête dans ce dans ce live [01:01:00] consacré donc au journalisme scientifique, je vous souhaite une très très belle continuation. Longue vie à Epsilon. On va regarder fin juillet.

Est ce que ça donne? Moi j'ai très envie de lire le le numéro deux et puis euh bah écoutez, passez une belle soirée, J'ai l'impression qu'elle commence plutôt pas mal.

Hervé Poirier: Merci Mathieu. A bientôt à bientôt.

Mathieu Rouault: Voilà, c'est la fin de cet épisode de grand labo. Merci vraiment beaucoup de l'avoir regardé, de vous être associé à la conversation.

Merci à toutes celles et ceux qui ont posé des questions à Hervé Poirier aux membres d Epsilon. C'est toujours un super moment partagé avec vous. La semaine prochaine on sera toujours en compagnie de chercheuses, de chercheurs. On sera donc on parlera de de science frugale. Qu'est ce que c'est que les sciences Frugales vous allez me dire Et ben on en parle mardi prochain à dix-neuf heures avec plein de gens passionnants.

Et vous? J'espère que vous serez aussi au rendez-vous. J'ai vraiment besoin de vous pour donner de la vie à ces Donc franchement, n'hésitez pas à passer une tête dix neuf heures vingt [01:02:00] heures sur labo, Je vous souhaite une très très belle soirée. Une très belle fin de soirée. Prenez soin de vous et à